Pauline a accepté de répondre à nos questions. Merci à elle !
Tu as été sélectionnée pour ce quatorzième numéro avec ta nouvelle Ad vitam aeternam, peux-tu expliquer sa genèse ?
Ad vitam aeternam est la première nouvelle que j’écris. Comme j’aime beaucoup le surnaturel, j’avais envie de rester dans ce registre, mais sur le mode fantastique, à la Maupassant ou à la Edgar Poe, plutôt que sur le mode merveilleux auquel je suis habituée. Et je voulais absolument écrire sur les horloges : je trouve ces objets fascinants, à la fois beaux et mystérieux. Pour couronner le tout, j’ai fait un rêve il y a quelque temps où il était question d’une horloge contenant des personnages et tout un monde à l’intérieur, j’ai donc décidé de rester sur cette idée. Je ne savais pas avant de l’écrire quel serait le titre de la nouvelle, ni même sa fin exacte : de nombreux détails me sont venus pendant l’écriture !
Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ?
Je suis très à l’aise dans le merveilleux, qui est mon registre favori. J’adore quand la magie fait partie intégrante d’un univers, je trouve que cela ouvre de nombreuses possibilités ! J’aime aussi le fantastique et la science-fiction, mais je me sens incapable d’écrire dans des registres plus réalistes : j’ai l’impression que de ce côté-là, tout a déjà été dit.
Dans mes histoires, j’aime décrire des univers imaginaires qui renvoient à notre monde. J’apprécie les romans qui me font réfléchir et m’amènent à porter un regard neuf sur mon quotidien : insérer de la magie ou imaginer le futur est pour moi une manière détournée de parler de notre vie de tous les jours, en la réinventant et en la questionnant. C’est ce que j’ai fait dans ma série de La Bibliothèque, qui me permet de raconter des histoires très différentes d’un tome à l’autre, grâce à un système de mise en abyme (l’héroïne a le pouvoir de vivre les livres comme s’ils étaient réels et rentre dans une aventure différente à chaque tome).
Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ?
J’ai écrit ma première histoire à 9 ans. Elle s’appelait Peter et le Château hanté et racontait l’histoire d’un petit garçon qui s’aventurait dans une forêt enchantée, puis dans le château qui s’y trouvait, pour retrouver son père disparu. Je l’ai commencée à l’école, en CM2, car notre institutrice nous avait demandé d’écrire une histoire. Avant cela, j’ai écrit de nombreux poèmes (le tout premier doit dater de mes 5 ans).
Quel est ton rythme d’écriture ?
J’ai essayé plusieurs méthodes et le rythme qui me convient le mieux est d’écrire une page A4 par jour (soit environ 1 h de travail quotidien). J’écris ainsi le premier jet, et je ne le relis que lorsqu’il est terminé. Il faut compter ensuite quelques semaines de relectures et de corrections, entrecoupées de périodes de vide où je laisse reposer. Pour produire mes romans de A à Z, la moyenne monte à 2 ans de travail : 8 mois d’écriture et le reste de relecture/correction.
Comment construis-tu ton travail ?
Je suis très mauvaise planificatrice. Pour écrire La Bibliothèque, je me suis obligée à créer un plan, mais il était très global et les détails ont beaucoup évolué en 10 ans ! J’ai plutôt tendance à me laisser porter par l’inspiration : j’ai en tête les grandes idées que je souhaite explorer, les principales étapes du roman, puis j’ajoute des événements ou des personnages au gré des surprises qui jaillissent de ma plume quand je suis lancée ! Les plans de chacun de mes romans font rarement plus de 3 pages, je n’arrive pas à me projeter en amont dans les détails.
Plutôt nouvelle ou roman ?
Plutôt roman, mais j’adore aussi les contes, qui peuvent être vus comme une forme de nouvelle.
Pourquoi être indépendante ?
Au départ je voulais être à compte d’éditeur, mais mon manuscrit n’a jamais été accepté. J’ai donc opté pour l’édition indépendante : je voulais absolument avoir des avis d’autres lecteurs, et après 8 ans de travail, il était hors de question que mon premier roman reste dans un tiroir !
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce statut ?
Ce qui me plaît le plus est la totale liberté qu’il offre : on peut prendre le temps que l’on veut pour écrire son livre, et le publier quand on le souhaite, indépendamment des calendriers éditoriaux de l’année. On n’a aucune pression ou attente, on peut écrire vraiment comme on le souhaite !
À l’inverse, qu’est-ce qui est le plus dur pour toi ?
C’est de devoir tout gérer toute seule. J’aurais aimé travailler davantage la mise en page de mes couvertures mais je n’ai pas les compétences pour, et je dois également être en veille constante si je veux participer à des salons : aucun éditeur ne vient les chercher pour moi ! Enfin, je n’ai pas d’accompagnement pour la communication sur les réseaux sociaux, là encore je dois gérer seule et ce n’est pas mon fort. C’est pour toutes ces raisons que je suis vraiment ravie d’entrer dans la grande famille des Indépandas : à plusieurs, c’est plus facile de communiquer et de participer à des événements !
Quel type de lectrice es-tu ?
Je suis beaucoup plus éclectique dans mes lectures que dans mon écriture 😊 Je lis des livres très variés : fantasy et science-fiction bien sûr, mais aussi récits médiévaux, classiques des 17e, 18e, 19e et 20e siècles, essais (j’adore la philosophie politique) et quelques romans contemporains. Parmi mes auteurs préférés, on trouve ainsi Michael Ende, Tolkien, Tocqueville, Andrus Kivirähk, Haruki Murakami, Jane Austen, Balzac, Racine, Molière, Yuval Noah Harari, J.K. Rowling ou encore Stefan Zweig.
Dans ce numéro 14 de L’Indé Panda, tu nous présentes La Bibliothèque – Tome 4 : Mourir, peux-tu me raconter ce qui t’a inspirée ?
Mourir raconte un moment clé dans l’histoire de La Bibliothèque : celui où l’héroïne écrit son premier livre-rêve. Son pouvoir lui permet d’y entrer : elle a donc le privilège de rencontrer ses personnages et de vivre leur aventure avec eux. Les événements de l’histoire m’ont été inspirés par un certain nombre de rêves que j’ai mélangés entre eux, ainsi que par ce que je traverse en tant qu’auteur quand j’écris. Par exemple, quand je voudrais qu’un personnage évolue d’une certaine manière, mais que cela ne vient pas, ou quand j’ai les retours de mes correcteurs, qui sont en général assez durs.
Mourir est aussi l’histoire d’un décès, et d’une jeune femme qui s’affirme et comprend peu à peu qu’elle devra affronter seule les prochains défis qui l’attendent : j’ai essayé de transformer ce qu’elle ressent en péripéties dans l’histoire, tout en m’inspirant de ma propre expérience.
Dis-moi, L’Indé Panda, c’est quoi pour toi ?
L’Indé Panda, c’est une revue permettant à de nombreux auteurs indépendants d’être découverts par un large public. C’est aussi une association qui accomplit un énorme travail pour aider les auteurs indépendants, et un formidable groupe d’entraide et d’échange sur l’écriture !
Pour finir, peux-tu me parler de ton actualité ? Une sortie récente, un projet sur lequel tu travailles ?
Je travaille sur le dernier tome de La Bibliothèque, Rêver. Je termine ce que j’espère être les dernières corrections, et je compte le publier avant la fin de l’année ! Cela fait 10 ans maintenant que je travaille sur La Bibliothèque, c’est une page qui se tourne. J’aimerais ensuite écrire des recueils de contes illustrés, avant de me lancer dans d’autres romans (mais plus jamais de série, c’est trop difficile à écrire !).