Merci à Guillaume d’avoir répondu à nos questions !
Tu as été sélectionné pour ce septième numéro avec ta nouvelle « Le Hors-la-loi et la Mort », peux-tu expliquer sa genèse ?
J’ai écrit cette nouvelle il y a maintenant sept ans, sa genèse exacte se perd donc un peu dans les limbes de ma mémoire. Je crois que je n’avais pas de but précis en l’écrivant : j’avais en tête le personnage de Corbeau, j’ai commencé par le décrire, la suite est arrivée toute seule au fur et à mesure.

Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ?
La question mériterait une réponse différente chaque année ! Mes premières nouvelles appartenaient au registre fantastique, tandis que mes premiers romans sont plutôt du domaine de l’historique. Disons que j’oscille entre les deux, avec ces derniers temps une tendance à vouloir mêler les deux genres : l’histoire regorge d’aventures et de personnages passionnants à découvrir ! Se documenter sur eux, puis les réinterpréter en les saupoudrant d’un peu de magie est tout simplement un bonheur !
Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ?
Je crois que j’ai réellement commencé à écrire après le lycée, donc je devais approcher de la vingtaine (comme je n’ai pas dit mon âge, ça vous avance bien !). J’ai toujours adoré la lecture, mais j’avais envie de lire des histoires que je ne trouvais nulle part. Je me suis donc mis à les écrire, même si rétrospectivement, je n’avais pas les idées les plus originales du monde.
Quel est ton rythme d’écriture ?
C’est tout à fait variable. Il m’arrive de ne rien écrire pendant des mois, parce que pas le temps… Et puis d’avoir des périodes frénétiques où j’attrape le moindre moment libre. Comme en tout, il y a un petit effet boule de neige dans l’écriture : quand on procrastine, rien ne vient, quand on lance plusieurs projets dans la même foulée, plein d’idées surgissent. L’idéal serait donc de pouvoir écrire tout le temps… mais ça n’est pas toujours possible.
Comment construis-tu ton travail ?
J’aborde encore la construction d’un travail en tâtonnant. Parfois, je teste une manière de construire un plan, puis une autre, parfois je découvre l’histoire en même temps que je l’écris… Ma manière d’aborder un texte dépend aussi de son ampleur ou de son type : ça fait toujours un peu mal de devoir jeter cent mille signes parce qu’on s’est complètement fourvoyé sur le contexte géopolitique. Si je me lance dans quelque chose d’historique, je dois commencer par faire quelques recherches sur l’époque, et donc la construction d’un plan vient naturellement, comme je m’oblige en amont à réfléchir à la manière dont vont se passer les choses. Si je me lance dans une histoire plus légère, je vais plutôt me laisser porter, un peu comme pour le Hors-la-loi et la Mort.
En général, pour les textes les plus longs, je découpe l’histoire en scènes, ce qui me donne un canevas général. Puis, je peux me lancer dans la rédaction de ces scènes : l’avantage, c’est que je ne suis pas obligé de les écrire dans l’ordre chronologique.
Plutôt nouvelle ou roman ?
Là encore, tout dépend des périodes. En ce moment, c’est clairement roman, puisque je bosse sur… deux romans et deux novellas qui risquent à tout moment de recevoir le qualificatif de petit roman. Mais justement, comme en ce moment je travaille sur des romans, je me dis que mes prochains projets seront des nouvelles. Une nouvelle, c’est quand même moins de boulot, c’est plus rafraîchissant en quelque sorte. Aborder une période de nouvelles sera un peu comme des vacances 😀
Pourquoi être indépendant ?
Pourquoi pas ? Si j’aime beaucoup écrire, je ne suis pas d’un enthousiasme débordant quand il s’agit de faire sa promotion. Chercher un éditeur est une phase très fastidieuse. Sortir de temps en temps un texte en indépendant permet de montrer son travail du moment sans passer trois mois à écrire un synopsis, un an à trouver un éditeur, puis une autre année à faire des corrections, etc.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce statut ?
La communauté des auteurs indépendants se montre très accueillante ! C’est peut-être la conséquence de la sensation d’être un peu la partie immergée de l’iceberg, laissée pour compte par les éditeurs traditionnels… mais du coup, j’ai trouvé chez les indépendants des gens très dynamiques qui se serrent les coudes. Les conseils fusent, les encouragements aussi, c’est un milieu où l’ambiance est excellente. Les numéros de L’Indé Panda en sont un très bon exemple.
À l’inverse, qu’est-ce qui est le plus dur pour toi ?
Rien n’est particulièrement dur en tant qu’indépendant. On est maître à bord, et du coup, il faut faire des choix : quelle couverture pour le roman, quelle quatrième, quelle plateforme de diffusion ? C’est vrai, des fois on se plante, même si comme je le disais, il y a une communauté de très bon conseil. Je pense qu’on peut se rater royalement, vu qu’il n’y a pas du tout de garde-fou (aurais-je oublié un chapitre dans la version finale de l’ebook ?), mais les erreurs aident à avancer, et finalement, cette liberté, c’est peut-être ce qu’on recherche en tant qu’indépendant.
Quel type de lecteur es-tu ?
Pareil que l’écriture, ça va dépendre des périodes ! En ce moment par exemple, je suis complètement scotché par la saga celtique de Jaworsky : Rois du monde. Mais demain je peux aussi bien retourner sur un classique à la Jules Verne ou Kessel, que partir sur un recueil de nouvelles sur le thème de l’univers de Lovecraft. Ça va dépendre de l’humeur, du moment. Y’a des bouquins qu’il serait sacrilège de lire dans le métro, il faut les lire un soir d’orage près d’une cheminée qui crépite. Y’en a d’autres à lire dans un parc, etc.
Dans ce numéro 7 de L’Indé Panda, tu nous présentes ton roman « La mécanique des illusions », peux-tu me raconter ce qui t’a inspiré ?
C’est sinueux. Mon premier roman, Les passagères du Paragon, racontait l’histoire d’une enquête policière sur fond de colonisation du Nouveau Monde, donc à peu près à la même époque que La mécanique des illusions, mais côté anglais. L’occasion pour moi, à travers mes recherches, de découvrir les légendes de sorcières qui émaillèrent l’histoire de la Nouvelle-Angleterre, les procès de Salem par exemple. Ça ne rentrait pas dans le cadre de cette histoire, j’ai donc écarté ces événements et gardé une petite frustration, qui a maturé pendant quelques années. L’occasion d’approfondir le sujet à travers diverses lectures, et de partir sur complètement autre chose. J’ai ainsi découvert que sous l’ancien régime, à part quelques illuminés, plus personne ne croyait à la sorcellerie. Les procès en cette matière étaient surtout attentés pour des raisons politiques : lutte de pouvoir (comme le parlement de Paris interdit les accusations de sorcellerie, celui de Rouen qui veut se démarquer les encourage, etc.) ou tout simplement moyen simple de se débarrasser d’une personne gênante (Quelle belle occasion de récupérer son héritage !). Bref, la matière de La mécanique des illusions était déjà présente dans l’histoire de France !
Pour finir, L’Indé Panda, c’est quoi pour toi ?
Un super chouette recueil de nouvelles ! La nouvelle, c’est génial ! Sauf qu’en France, c’est un peu un genre orphelin. Il suffit de se rendre dans une librairie pour s’en apercevoir : peu ou pas de recueils de nouvelles, et en général, ce sont des œuvres américaines, Gaiman, King et consort. Du coup, pour retrouver des anthologies, il reste les publications des petites structures, souvent sous forme de webzines, et L’Indé Panda propose de très bonnes moutures !
Suivez Guillaume Dalaudier sur Facebook.
Le hors-la-loi et la Mort est dispo dans L’Indé Panda 7.
Retrouvez La mécanique des illusions sur Kobo.
