Benoit ayant déjà répondu à une interview « classique », il va se prêter au jeu du portrait chinois. Merci à lui.
Si tu étais un style ou un genre littéraire ?
Contemporain. Un personnage ordinaire qui mène une existence ordinaire, ça me va bien !
Si tu étais un art ?
La photo, pour permettre de contempler et savourer les innombrables détails d’un simple instant.
Si tu étais un livre ?
Une couverture toute simple, et 1 000 pages blanches à l’intérieur, prêtes à recevoir toutes les histoires. (je ne vois pas quel ‘vrai’ livre pourrait couvrir à lui seul toute la palette d’humeurs et d’émotions)
Si tu étais une émotion ?
La peur, peut-être. Celle qu’on peut surmonter, celle qui fait grandir, celle qui précède les plus belles fiertés, qui nourrit les plus solides souvenirs.
Si tu étais un animal ?
Mon chat. Même si ça m’ennuierait de bouffer que des croquettes et de plus pouvoir goûter au chocolat.
Si tu étais un végétal ?
Un cerisier ?
Si tu étais un sens ?
L’équilibrioception (le sens de l’équilibre).
Merci Benoit. Nous allons maintenant te poser quelques questions concernant tes écrits découverts dans ce numéro :
Tu as été sélectionné pour ce treizième numéro avec ta nouvelle Et la lumière fut, peux-tu expliquer sa genèse ?

Je voulais d’abord écrire une scène du point de vue d’un aveugle, pour m’obliger à décrire les lieux autrement que par la vue. Je voulais ensuite travailler l’idée du trauma enfoui, de comment un événement du passé peut forger une identité sans qu’on en ait conscience. J’ai lié ces deux envies après avoir rencontré un hypnotiseur (pour m’aider à construire un personnage crédible dans un projet de roman) : il m’a livré une anecdote d’un aveugle recouvrant la vue d’une manière vaguement analogue à celle-ci.
Tu nous présentes ton recueil Labyrinthes intérieurs, peux-tu nous raconter ce qui t’a inspiré ?
À la base, il s’agissait d’exercices de style, en réponse à des appels à textes dans des revues de nouvelles (certains ont été publiés dans d’autres revues, j’ai fait des infidélités aux pandas). Je voulais utiliser le format court pour un double travail, à la fois sur la forme et sur le fond, pour préparer un roman sur le thème de la mémoire (ce roman a été abandonné à mi-chemin pour diverses raisons). Comme j’étais content du résultat, j’ai voulu le clore ‘proprement’ en auto-éditant tous les textes dans ce recueil.
Pour finir, peux-tu me parler de ton actualité ? Une sortie récente, un projet sur lequel tu travailles ?
J’ai plusieurs projets en parallèle.
Je commence à proposer une version « live » du recueil Labyrinthes Intérieurs : je lis 8 de ses nouvelles en musique, dans des cafés ou des médiathèques. J’ai composé moi-même la bande sonore, que je joue au clavier et à la basse, en direct.
Deux romans ont été terminés récemment. Chacun à leur manière, ils traitent d’un même thème : le deuil. Je les destine à l’édition ‘traditionnelle’ (j’ai d’autres priorités qui m’empêchent de consacrer à l’auto-édition tout le temps et l’énergie qu’elle nécessite). Comme je suis très tatillon sur le choix des maisons d’édition, ça pourra prendre un certain temps avant de déboucher, mais je suis patient.
Deux autres romans sont prêts à démarrer. J’ai les idées claires sur le fil conducteur, les personnages, la forme narrative ; le chapitrage est déjà pré-tracé, et j’ai déjà écrit quelques grosses dizaines de pages d’exercices pour chacun. Le premier sera la suite d’un roman précédent (y, pour ceux qui me suivent) : une course-poursuite absurde et rocambolesque au milieu des monts du Cantal. Le second sera plus mélancolique, et tournera autour de la question du harcèlement.
