Interview Terry Torben
Terry a accepté de répondre à nos questions. Merci à lui ! Tu as été sélectionné pour ce septième numéro avec ta nouvelle « Fatum », peux-tu expliquer sa genèse ? À l’époque de l’écriture de Fatum, j’étais plongé dans des questions… plutôt existentielles. Ce qui me perturbait en profondeur, c’était l’enchainement des évènements. Cette fameuse loi de cause à effet. Nous sommes tous des enfants du Big-Bang. Ça, c’est la grande cause originelle. En fait, c’est de là que tout s’enchaîne, tout se déchaine même parfois… OK. Mais comment ? D’un élan chaotique ? Hasardeux ? Ordonné ? … Fatum pose la question. Chacun trouvera sa réponse. Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ? Disons que pour mettre des coups de pieds dans les certitudes, je ne suis pas le dernier… En fait j’aime remettre en question le réel, du moins ce que l’on croit en voir… Certainement parce que, tel qu’on me le décrit, il m’ennuie. Alors je le raconte à ma manière. Il aura fallu quelques milliards d’années à un système appelé « univers » pour complexifier la matière en son sein, au point qu’elle en devienne pensante. Est-ce un miracle ? Je ne sais pas, mais c’est en nous, nous en sommes le fruit. On passe sa vie à l’oublier, et moi j’aime, de temps en temps, à le rappeler. Ne serait-ce qu’à moi-même… Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ? J’ai commencé gosse. Vers 12 – 13ans, après une lecture passionnée de Jules Verne, que je lisais en cachette, avec une lampe de poche sous les draps (l’heure d’éteindre les lumières était passée)… Je racontais l’histoire d’un homme qui arrive sur une planète entièrement faite de diamants. En descendant de sa fusée, devant les regards ébahis des autochtones, il laisse échapper un gravier de sa chaussure et là… c’est l’émeute… bien sûr ! Quel est ton rythme d’écriture ? Après ce premier essai, j’ai posé mon stylo, épuisé, puis j’ai repris Jules Verne… Durant les années qui ont suivi, l’écriture était plutôt sporadique, je prenais des notes par-ci, par-là, sur des dessous de verre au bar, sur des bouts de nappe (en papier !) et je produisais avec ça quelques nouvelles… Pas de contraintes temporelles. Par contre, quand je me décide à construire avec ce matériau, je fais tout ce que je peux pour que ce soit bien. Au moins pour moi. Et je ne lâche jamais l’affaire. Comment construis-tu ton travail ? S’il s’agit d’une nouvelle, je vais construire autour d’une idée. Elle va trottiner un moment dans ma tête puis, une foi murie, je vais ébaucher des personnages pour lui donner vie. Par contre s’il s’agit d’un roman, généralement j’ai la structure globale dans la tête. Je sais ce que je vais faire vivre à mes personnages, je sais d’où ils partent et où ils sont censés arriver, mais cette foi c’est eux qui feront le chemin, et c’est l’idée globale qui les suivra. C’est pourquoi, avant de commencer à écrire, je prends le temps de faire connaissance avec les personnages. Dans chaque situation de ma propre vie, je me demande : et elle, et lui, comment réagiraient-ils ? Plutôt nouvelle ou roman ? Tout dépend de ce je veux raconter. Une question qui se pose ? Une chute rigolote ? Ça, c’est OK pour des nouvelles. Une remise en question profonde ? Des situations originales engendrées par des personnages complexes ? … Là, je tiens la trame d’un roman. Pourquoi être indépendant ? Parce qu’aucun éditeur ne veut de moi ! Mais faut dire aussi que je ne cherche pas beaucoup… Je n’ai pas encore trouvé de commercial, type ouais, franchement c’est super Terry, laisse-moi faire, avec ton truc on casse la baraque. Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce statut ? Dire et faire ce que je veux. N’avoir de compte à rendre à personne. Pouvoir, avant tout, se faire plaisir. Pouvoir rester des années sans toucher un stylo, et sans avoir quelqu’un au derrière qui me parle de courbes des ventes, et de trucs à produire qui font pas rêver. À l’inverse, qu’est-ce qui est le plus dur pour toi ? Ben… Faut tout se cogner tout seul… La mise en page, le choix de couverture, le résumé… Y compris la dimension « marketing » et franchement, de toutes les dimensions que je connaisse (et il y en a un paquet), celle-ci n’est pas ma préférée. Et de loin. Quel type de lecteur es-tu ? Curieux. Touche à tout. Je bouquine tous les jours, parfois 12 chapitres d’affilés, parfois 4 lignes parce que je suis crevé. Mais il faut lire, même si ce n’est que l’horoscope de ma femme et de mes gosses (… pas le mien… j’y crois pas…). Dans ce numéro 7 de L’Indé Panda, tu nous présentes ton roman « Rien ne se perd, l’antithèse de la tortue volante », peux-tu me raconter ce qui t’a inspiré ? La physique quantique. Les flèches du temps qui n’en font qu’à leur tête. Les multivers par-ci, par-là… Et les simples mortels que nous sommes, plongés là-dedans, avec nos histoires chaotiques et nos soucis kafkaïens… Les scientifiques de l’infiniment petit me racontent leur réel, et il est beaucoup, beaucoup plus intéressant que le mien. Ils me racontent des centaines de formes que peut revêtir l’infini, et rien que ça, c’est une source intarissable d’inspiration. Alors je ne me prive pas ! Pour finir, L’Indé Panda, c’est quoi pour toi ? Une drôle d’histoire ! Voulant participer à un concours de nouvelles, comme ça, juste « pour voir », j’ai ouvert un moteur de recherche célèbre. De toutes les réponses fournies par ce moteur j’ai été intrigué par celui-ci : L’Indé Panda… ça sonnait bien, franchement. J’ai chargé le N° 6 sur le site et je l’ai lu, comme ça, juste « pour voir »… Pour tout dire ça m’a donné envie, moi aussi, de participer à l’aventure. Par la suite j’ai donc envoyé une de mes nouvelles « chouchoutes » comme ça, juste « pour voir », mais sans trop y croire à vrai dire. Vu le niveau de ce que