Interview Stéphane Arnier
C’est partie pour la troisième interview de L’Indé Panda #3 ! Merci à Stéphane Arnier d’avoir répondu à nos questions ! Tu as été sélectionné pour ce troisième numéro avec ta nouvelle « Le destin de Dvalin », peux-tu expliquer sa genèse ? Je venais de terminer mon dernier roman, j’avais envie de sortir de mon univers. J’ai donc écrit cette nouvelle exprès pour l’Indé Panda. J’ai voulu travailler sur un énorme poncif de fantasy : les prophéties. Je suis aussi amateur de SF, et j’ai toujours aimé les histoires de voyage dans le temps ou de visions du futur. J’ai voulu m’amuser avec ça, et présenter « mon » point de vue sur les oracles et autres prédictions. Quelques recherches m’ont attiré vers la culture viking, et comme j’ai toujours aimé les pays nordiques, je suis parti dans cette direction. Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ? Mes textes appartiennent aux littératures de l’imaginaire. Tout ce que j’ai publié entre dans le registre fantasy, parce que j’en aime l’ambiance de dépaysement et d’aventure, et parce que j’aime la liberté que cela me procure en tant que créatif. En théorie, ce genre devrait être le plus varié. Or, je trouve que tous les romans de fantasy se ressemblent. J’aime les univers et les récits qui abordent d’autres thèmes que la lutte bien/mal, la guerre ou les jeux de pouvoir. J’aime quand il y a de vrais sujets cachés derrière l’action et les intrigues. Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ? J’ai toujours été un gros lecteur, depuis tout gamin. J’ai dû lire presque tous les « Club des cinq », et presque tous les Agatha Christie. Puis, adolescent, j’ai découvert la fantasy avec Tolkien, les univers de jeux de rôle, etc. Mes premiers écrits datent de cette époque : j’ai conçu et rédigé des scénarii de jeux de rôle, souvent accompagnés de petites nouvelles d’ambiance, diffusés dans des fanzines. Puis j’ai découvert les blogs, et j’en ai tenu plusieurs, dont un complètement fictif qui a eu beaucoup de succès. Après ma crise de la trentaine, j’ai réalisé que je voulais faire ça sérieusement. Depuis cinq ans environ, je « travaille » vraiment mes textes dans l’optique de les diffuser, j’étudie des ouvrages de référence, participe à des MOOC d’écriture, propose des textes en concours. Ma première nouvelle autoéditée est sortie en 2014, mon premier roman en 2015. Quel est ton rythme d’écriture ? J’ai organisé ma vie personnelle et professionnelle autour de cette activité, et je dédie deux jours par semaine à l’écriture. Je les gère comme des journées de bureau : je me lève comme pour aller bosser, je me fais mes sept heures, ma pause déjeuner, etc. Des fois, je fais des « heures sup ». On va dire qu’en fonction de ma productivité du moment, j’oscille entre 10 à 20 h par semaine. Comment construis-tu ton travail ? Je suis un pur auteur « architecte » : j’ai acquis par le passé des notions de dramaturgie et de scénarisation (dans les jeux de rôle ainsi que dans le jeu vidéo) avant de songer à devenir écrivain. J’aborde donc toute histoire avec cet œil-là : qu’est-ce que je veux dire, comment je vais le dire ? Je passe énormément de temps en travail préparatoire, et je ne commence la rédaction que lorsque j’ai un plan très détaillé, un peu comme un réalisateur qui ne commence à filmer que quand le scénario est bouclé. Quand j’écris, je sais clairement où je vais… même si je découvre toujours des chemins de traverse en cours de route. Plutôt nouvelle ou roman ? Les deux. La vérité, c’est que j’aime les histoires et ambiances un peu fouillées, et que j’écris souvent du long : mes nouvelles publiées font entre 60 et 70 pages ; mes romans dépassent les 450 pages ; même « Le destin de Dvalin » rentre tout juste dans les limites imposées de l’Indé Panda. Néanmoins, j’ai blogué longtemps avec des microfictions d’une page ! En fait, en tant que « raconteur d’histoires », j’aime bien quand c’est long. En tant qu’écrivain, j’ai plus la patience de peaufiner la forme quand c’est court. J’essaie d’alterner, de faire les deux, et je m’impose de publier une nouvelle entre chaque tome de ma série de romans. Pourquoi être indépendant ? La vraie question est « pourquoi se faire éditer de façon traditionnelle ? ». Le principal intérêt est l’accompagnement éditorial pour travailler son texte, ce qui est quelque chose d’extrêmement important (et souvent négligé à tort par les jeunes auteurs). Hélas, c’est quasiment le seul point positif. Sauf à signer avec un gros éditeur (ou un petit éditeur très impliqué), les inconvénients d’être édité dépassent les avantages. Je n’ai pas trouvé mieux que l’autoédition pour appréhender l’univers de l’édition et de ses mécanismes. En autoédition, tu es forcé de mettre la main à la pâte pour tout : c’est une extraordinaire école d’apprentissage. Correction, typologie, mise en page, couverture, quatrième de couv, création d’ebook, communication… en quelques années d’autoédition, j’ai sacrément grandi, un peu comme les héros de fantasy dans les récits initiatiques. Il n’y a pas mieux que de se jeter à l’eau (quitte à patauger un peu parfois). Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce statut ? Le côté « do it yourself », la débrouille, la recherche. Quand ton livre sort (et quand en plus il marche), tu es super fier, tu peux dire « c’est moi qui l’ai fait ! ». Et en même temps, tu sais que c’est faux, car l’autre point extraordinaire de l’autoédition, c’est le partage et la communauté : je ne crois pas au mythe de l’écrivain solitaire, et les meilleurs auteurs sont ceux qui savent s’entourer de gens enthousiastes et compétents. Mes livres ne seraient pas ce qu’ils sont sans toute l’aide que j’ai reçue (je salue au passage tous ceux qui ont participé de près ou de loin à l’aventure : mon illustrateur, ma correctrice, mes nombreux bêta-lecteurs — qui sont presque tous auteurs eux-mêmes, mes camarades de MOOC d’écriture, etc.). À l’inverse, qu’est-ce qui est le plus dur pour toi ? Il y a