Interview Renaud Ehrengardt

Renaud a accepté de répondre à nos questions, merci à lui !   Tu as été sélectionné pour ce cinquième numéro avec ta nouvelle La partie de dés, peux-tu expliquer sa genèse ? En fait, pour être honnête, cette nouvelle était destinée à un autre appel à textes sur le thème de la chance. J’aime bien les appels à textes thématiques, car ils me forcent à me pencher sur des ambiances qui ne m’auraient pas forcément intéressé normalement. Je me suis inspiré d’un livre qui m’a beaucoup marqué plus jeune et dont un ami m’a reparlé récemment, L’homme dé de Luke Rhinehart. C’est l’histoire d’un homme qui, progressivement, prend toutes ses décisions en lançant un dé. Il laisse le hasard et la chance entrer dans sa vie et en prendre le contrôle. C’est un livre assez étrange. J’y ai ajouté une ambiance à la Shining et le tour était joué !   Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ? Je suis résolument tourné vers le Fantastique et la SF. La fin du monde m’a aussi longtemps passionné même si j’ai un peu laissé le thème derrière moi. Les dystopies, dans le futur ou pas, en général, m’intéressent beaucoup. J’ai grandi avec La quatrième dimension, X Files et cie. J’adore les histoires bizarres et tordues !   Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ? J’ai écrit mes premiers textes vers 15 ans. Des poèmes et des chansons dans un premier temps puis de courtes nouvelles. Mon premier roman a dû attendre mes 26 ans. Mon premier texte… je crois que c’était un poème qui reflétait mes émois d’adolescent. Je ne me souviens plus vraiment du contenu. Et ce n’est pas très grave, sans doute !   Quel est ton rythme d’écriture ? C’est très variable. En ce moment, j’écris beaucoup. Sept ou huit nouvelles en quelques mois. Sinon, je suis assez lent, ça me coûte d’écrire. C’est comme faire le ménage, je repousse constamment le moment de le faire puis quand c’est achevé, une immense satisfaction s’empare de moi. 🙂 Mes romans, je les ai écris en vacances, le matin à la fraîche. Avec du café et de la nicotine. 🙂   Comment construis-tu ton travail ? Beaucoup de réflexion en premier lieu. Je cherche un thème, quelque chose que je veux raconter, qui me touche puis j’essaie de bâtir une intrigue, des personnages autour de ça. J’y pense pendant des semaines, le soir avant de m’endormir notamment. Une fois que j’ai dégrossi l’histoire, je prends des notes. La psychologie des personnages, la chronologie de l’intrigue… Ensuite, je me mets à écrire. Donc pas mal de préparatifs avant l’écriture à proprement parler.   Plutôt nouvelle ou roman ? Nouvelle ! Cela me coûte beaucoup d’écrire un texte long. J’ai abandonné une quantité incalculable de romans. J’aime le côté « rentre-dedans » des nouvelles. On peut dire beaucoup avec peu de mots. C’est efficace et plus satisfaisant à écrire.   Pourquoi être indépendant ? Par défaut, je dirais. Personne n’a voulu publier mes romans, c’est aussi simple que ça. Je préfère les publier seul que de les laisser moisir dans mon ordinateur.   Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce statut ? Rien. Je préférerais qu’on s’occupe de la communication autour de mes écrits, qu’on gère le côté édition qui ne m’intéresse plus aujourd’hui. J’ai mené une petite maison d’édition numérique House made of dawn éditions pendant cinq ans et j’ai publié beaucoup d’auteurs, des novellas principalement. C’était très intéressant et enrichissant, mais aujourd’hui, je veux me consacrer pleinement à mon écriture et ne plus m’occuper des à-côtés. Après, le contrôle total sur l’œuvre est plaisante. Je ne peux le nier, mais l’expertise d’un relecteur professionnel ne me déplairait pas. Et je suis ouvert à des changements sur mes textes, tant qu’on ne parle pas de censure.   À l’inverse, qu’est-ce qui est le plus dur pour toi ? D’une part, de devoir me cantonner au format numérique, d’autre part d’être noyé au milieu des auteurs indépendants, notamment sur Amazon. Les maisons d’édition ont encore le rôle, dans les yeux du lecteur, de trieur de contenus. Honnêtement, vu ce qui est publié à longueur d’année, on peut se questionner. Mais en tout cas, le rayon « indépendant » n’a pas vraiment la cote, je pense. Ça rime un peu avec amateur, ce qui est très dommage. Et les gens font encore confiance aux éditeurs pour proposer des œuvres de qualité. Si on n’a pas été publié, c’est qu’on est mauvais, grosso modo. Il y a eu un temps de découverte, sur Amazon, notamment, grâce aux epubs pas chers des auteurs indépendants. On pouvait y découvrir des perles indépendantes à petits prix et concurrencer les éditeurs classiques. Aujourd’hui, vu qu’Amazon ne trie pas le contenu, il y a des milliers d’auteurs indépendants avec des qualités très variables, il faut bien le reconnaître. Et après un achat ou deux un peu bof bof, les lecteurs se tournent à nouveau vers les éditeurs, qui ont les moyens de communiquer et de diffuser leurs auteurs correctement.   Quel type de lecteur es-tu ? Très lent ! Je mets des mois à finir un livre. J’aime lire lentement, je ne suis pas un dévoreur.   Dans ce numéro 5 de L’Indé Panda, tu nous présentes ton roman La traque, peux-tu me raconter ce qui t’a inspiré ? C’était mon époque post-apocalypse. Ça parle du monde après la fin de la civilisation. Longtemps après. On suit des personnages qui essaient de relancer une centrale électrique, de comprendre à quoi servaient tous ces objets dans les ruines. C’est un livre sur le passé et son côté mystérieux. Sur le côté éphémère de la civilisation qu’on croit immortelle vu qu’on vit dedans. Il n’y a qu’à regarder toutes les ruines du globe pour comprendre que rien n’est acquis. Il y a d’autres éléments dans ce livre. C’est une traque, comme l’indique le titre. On suit donc des personnages qui tentent de survivre avec des gens à leurs trousses. Il y a aussi quelques éléments fantastiques, surnaturels.

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