Interview Philippe Deniel #2
Philippe ayant déjà répondu à une interview « classique », il va se prêter au jeu du portrait chinois. Merci à lui. Si tu étais un style ou un genre littéraire ? L’uchronie (j’en ai écrit quelques-unes et c’est un genre que j’aime beaucoup). Si tu étais un art ? La cuisine ! Si tu étais un livre ? Un seul livre ? Impossible de choisir ! Laissez-moi le temps de préparer un tableur Excel de 100 pages pour répondre à cette question. Si tu étais une émotion ? La concentration (ce n’est pas trop une émotion, encore que la chose peut susciter le débat). Si tu étais un animal ? Un panda ! (surtout si c’est un indépanda !!!) Si tu étais un végétal ? Une plante carnivore, parce que c’est bien plus amusant qu’un bégonia. Si tu étais un sens ? L’ouïe (qui rend possible la musique). Merci Philippe. Nous allons maintenant te poser quelques questions concernant tes écrits découverts dans ce numéro : Tu as été sélectionné pour ce treizième numéro avec ta nouvelle Le Seuil, peux-tu expliquer sa genèse ? Avec le confinement, j’ai commencé à regarder des services de vidéos en ligne, en particulier YouTube que je fréquentais peu. J’y ai découvert une quantité de chaines, certaines sérieuses, d’autres moins, et un bon paquet qui m’ont parfois laissé perplexe. Je me suis dit que mettre en scène un youtubeur serait sympa, et de croiser ça avec le thème des légendes urbaines et autres « creepy pastas » qui font les choux gras de bien des créateurs. En mélangeant les deux, cela a donné ce texte. Tu nous présentes le recueil Anomalies Littéraires numéro 0 – Le club des Loutres Anarchistes Contre la Solitude, peux-tu nous en dire plus et nous parler de ton texte dans ce collectif ? Les Loutres Anarchistes est un collectif d’auteurs nés en 2020. Il produit régulièrement un webzine sous forme électronique dont c’est là le numéro pilote.Dans ce numéro, j’ai publié un texte inspiré d’une pratique sportive associé au métro londonien : certaines personnes quittent la rame à une station et essaye de rejoindre la même rame à la station suivante, ce qui suppose de courir très vite dans les rues de Londres. J’ai replacé ce fait insolite dans un contexte de fantasy urbaine. Pour finir, peux-tu me parler de ton actualité ? Une sortie récente, un projet sur lequel tu travailles ? Le milieu de l’Imaginaire s’est pris de plein fouet les effets liés à la crise du COVID, et nous avons tous pu constater avec tristesse la disparition de certaines maisons d’édition. Les choses semblent reprendre peu à peu, et je pense que le petit monde de la littérature imaginaire française se relèvera encore plus fort. En ce qui me concerne, je travaille sur deux textes pour des appels à textes proches, et j’ai quelques romans sur le feu (dont un qui est vraiment bien avancé). Sinon, j’ai un scoop pour vous : je viens de terminer la phase de correction et relecture ultime de mon recueil de nouvelles. Une page se tourne (en fait, 140 concernant cet ouvrage). Je vais pouvoir passer à la phase édition… et entamer une nouvelle aventure : l’écriture de mon premier roman ! Découvrez Le Seuil dans L’Indé Panda n°13 Lisez Anomalies Littéraires numéro 0 – Le club des Loutres Anarchistes Contre la Solitude Retrouvez Philippe Deniel sur :
Interview Philippe Deniel
Au tour de Philippe Deniel de répondre à nos questions. Merci à lui. Tu as été sélectionné pour ce premier numéro avec ta nouvelle « Photos volées », peux-tu expliquer sa genèse ? En fouinant un peu sur le net, je suis tombé sur un site qui collectionnait les photos « surnaturelles » avec des fantômes dessus. Sur l’une d’elles, il y avait un « fantôme » (photoshopé ou pas) qui avait l’air un peu immature. A la même période, j’ai vu la série « paranoia agent » de Kon Satoshi dont l’un des épisodes présente des personnages. On apprend à la fin qu’ils sont morts et sont des fantômes et justement ils s’amusent à pourrir les photos de visiteurs d’un site touristique. Je me suis dit que j’allais reprendre l’idée. Je crois que cela s’est un peu mélangé aussi avec une vidéo prise sur les caméras de surveillance du château d’Hampton Court où un curieux personnage vêtu comme Henri VIII ferme une porte de secours laissée ouverte. Un peu comme si l’esprit du roi défunt disait « Fermez cette porte, nom de nom !!! ». Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ? Je n’écris que de l’Imaginaire (du SFFF) même si je me suis un peu aventuré sur le Western pour un AT. J’ai une sale manie qui consiste à mélanger les genres même si cela ne se voit pas trop dans « Photos Volées ». C’est aussi un texte un peu plus court que ce que je fais normalement (je fais plus dans le 30ksignes – 45 ksignes). Mais globalement, j’aime écrire ce que j’aime lire. Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu de ta première histoire ? Je fais beaucoup de jeux de rôles depuis fort longtemps. L’idée d’écrire m’a longtemps trotté dans la tête mais je n’avais jamais franchi le pas. En plus, je suis de formation scientifique et je ne me sentais pas légitime pour un truc aussi « littéraire ». En 2002, j’ai finalement soumis un texte à un concours organisé par le site web « la 85ème dimension » (devenu actusf.com depuis) et j’ai eu la surprise de remporter un prix spécial du jury. Depuis j’ai continué à écrire. Le texte s’appelait « Réparations » et racontait comment un djinn asservi par des hommes se libéraient de ses liens, mais j’avais utilisé un univers contemporain au lieu de l’univers des 1001 nuits. Le texte a été publié dans le numéro 1 du webzine « Parchemins & Traverses ». Quel est ton rythme d’écriture ? 400 à 600 mots par soir (avec une pass dans Antidote pour nettoyer un peu les scories). Quand je bosse sur un texte, je passe 4 à 5 soirées par semaine dessus, pendant deux semaines. Globalement, j’ai toujours un projet en cours (une nouvelle pour un AT ou un roman). Dans le cas d’un roman, je passe plusieurs mois dessus (sauf en période de nanowrimo, mais c’est un cas très particulier). Comment construis-tu ton travail ? Je fais un synopsis sur un bloc note, avec un bête stylo, assis dans mon canapé (c’est précis). Je construis un peu l’histoire, souvent en faisant une sorte de dessin moche avec des bulles reliées par des flèches (certains parleraient de « cartes mentales »). Comme cela je peux indiquer dans chaque scène quels éléments de contexte vont apparaître (c’est surtout important dans un texte long avec un univers zarbi qu’on ne voit pas en entier tout de suite et qu’on découvre touche par touche). Une fois que les choses sont un peu structurées (en gros j’ai le début, la chute et le chemin qui les relie) je commence à rédiger. Il arrive que je m’écarte un peu de ma ligne directrice (les cadres sont aussi là pour qu’on se passe d’eux). Plutôt nouvelle ou roman ? Les deux. Dans le passé j’ai plus fait des nouvelles (une grosse trentaine ont été publiées depuis 2004). Pour moi, je devais un peu pratiquer mon style et ma façon de raconter les histoires pour acquérir les automatismes qui vont bien. Depuis quelques années, l’idée de faire un roman a germé dans mon esprit et j’essaye d’un faire un par an (hors nanowrimo). J’ai écrit deux romans et je sens que je ne vais pas tarder à : 1) faire les dernières corrections du premier, 2) faire les premières relectures du second, 3) corriger le nano de fond en comble et 4) commencer un autre roman. Les projets ne manquent pas, juste le temps. Et puis, fondamentalement, écrire c’est fun et il n’y a pas tant de différences entre nouvelles et romans. Dans un roman on peut juste s’étaler un peu plus et on vit plus longtemps avec ses propres personnages. Pourquoi vouloir devenir indépendant ? Je ne suis pas indépendant à proprement parler car je n’ai jamais rien sorti en autopublication. Ceci étant, l’idée est tentante et je l’étudie beaucoup ces derniers temps (je pilote des projets sur du long terme, donc j’ai toujours un phase d’études préalable, tu as le droit d’y voir une sale déformation professionnelle). Le statut d’indépendant a visiblement du pour et du contre. Le pour, c’est de se passer de l’éditeur et de la « nébuleuse » dans laquelle part un texte quand on le soumet. Quand on soumet une nouvelle à un AT, la réponse vient sous 3 mois le plus souvent. Pour un roman, le délai varie et peut se compter en années sans qu’on sache si le truc a été lu, s’il est rejeté ou étudié de près. En outre, pour un « jeune » auteur qui n’a pas publié de romans, toquer à la porte des éditeurs est compliqué. Ceci dit, je les comprends : ils ont une entreprise à faire tourner, ils ne sont pas là pour faire plaisir aux gens qui écrivent et les délais qu’ils imposent se comprennent totalement. L’auto-édition permet de pousser son texte face au lectorat très rapidement, et c’est super intéressant pour avoir un retour rapide. Le contre dans le statut d’indépendant, je pense que c’est aussi le manque de l’éditeur qui sait faire « vivre » le truc, qui