Interview Noémie Delpra #2
Noémie ayant déjà répondu à une interview « classique », elle va se prêter au jeu du portrait chinois. Merci à elle. Si tu étais un style ou un genre littéraire ? La littérature fantastique et la fantasy ! Qu’il s’agisse de mettre de l’irréel dans le réel, ou du réel dans l’irréel, il s’agit toujours de brouiller les frontières entre les deux. Imagination, curiosité, émerveillement, magie… nous n’avons jamais assez de tout cela dans nos vies, vous ne trouvez pas ? Si tu étais un art ? Sans originalité aucune, la littérature. Parce qu’il y a un merveilleux contraste, presque un paradoxe, entre l’activité essentiellement solitaire et intime de l’écriture, et le fait de publier ses écrits, de dévoiler une part de soi et ainsi tisser un lien unique avec des inconnus. Si tu étais un livre ? La trilogie Le Pacte des Marchombres, de Pierre Bottero. Il y aurait tant à dire sur l’intégrité d’Ellana, son indépendance, sa générosité, sa liberté… Sur la plume poétique et onirique de Pierre Bottero. Sur l’univers merveilleux de Gwendalavir, sur la guilde fascinante des Marchombres. Mais tout peut se résumer en une seule image, celle d’une porte ouverte vers le rêve. Si tu étais une émotion ? L’amour ! Cela peut paraître un peu grandiloquent, voire naïf, mais je reste convaincue que le monde se porterait mieux avec un peu plus d’amour et d’empathie. Et pour cette raison, l’amour aura toujours une grande place dans mes écrits, sous toutes ses formes : l’amour romantique, l’amour familial, celui que l’on porte à ses amis, à ses animaux… Si tu étais un animal ? Je serais un chat. Parce qu’il est petit et discret, et que derrière ses airs solitaires et indépendants, il a beaucoup d’affection à offrir. Si tu étais un végétal ? Peut-être le litchi, pour son enveloppe à percer avant d’accéder au fruit : tout comme lui, je ne me dévoile pas facilement. Si tu étais un sens ? La vue, pour ne jamais cesser de s’émerveiller. Même si je dois avouer que j’aurais du mal à me passer du goût, en tant que grande amatrice de cuisine et de nourriture. Merci Noémie. Nous allons finir par quelques questions concernant tes écrits découverts dans ce numéro : Tu as été sélectionnée pour ce neuvième numéro avec ta nouvelle « Il était cinq heures », peux-tu expliquer sa genèse ? Je l’ai écrite il y a plus d’un an à l’occasion d’un concours d’écriture de nouvelles, probablement influencée par la série 13 Reasons Why, et touchée par la thématique du cyberharcèlement. À l’époque, mes proches ont été agréablement surpris de me voir quitter brièvement ma chère fantasy pour explorer un autre genre, avec une plume un peu différente. Lorsque j’ai vu l’appel à textes de L’Indé Panda, je me suis dit que c’était l’occasion de donner une seconde chance à cette nouvelle. Il me tient à cœur de dévoiler un autre aspect de mon écriture, bien éloigné de ma série Les larmes de Jundur. Tu nous présentes ton roman « Duelle », le second tome des « Larmes de Jundur », peux-tu nous raconter une petite anecdote concernant un de tes personnages, un lieu, ton roman en lui-même… ? J’associe à chaque tome de la tétralogie Les larmes de Jundur une pièce de théâtre, dont les extraits introduisent chacun des chapitres. Pour le tome 1, Voyageuse, j’ai choisi Le Cid, de Pierre Corneille. Pour le tome 2, Duelle, il s’agit de Caligula, d’Albert Camus. Je choisis à chaque fois une pièce présentant des thèmes en commun avec le roman, voire des péripéties très similaires, et je m’attache ensuite à sélectionner les extraits les plus pertinents pour introduire chaque chapitre. Le lecteur peut alors s’amuser à mettre au jour les liens entre les deux textes. J’aime l’idée de rapprocher le théâtre et le roman – qui plus est fantastique, et de, pourquoi pas, donner envie aux lecteurs de découvrir ou redécouvrir ces œuvres. As-tu une parution prévue pour l’année 2019 ? Si oui, peux-tu nous en dévoiler un peu plus ? Le tome 2, Duelle, a été publié en juillet 2019 ; je n’ai pas d’autre parution prévue pour 2019. Mon rythme de parution étant d’un tome par an, le tome 3 devrait sortir vers l’été 2020 ! Découvrez « Il était cinq heures » dans L’Indé Panda 9. Lisez « Les larmes de Jundur » sur Amazon. Suivez Noémie Delpra sur Facebook.
Interview Noémie Delpra
Noémie a accepté de répondre à nos questions. Merci à elle ! Tu as été sélectionnée pour ce huitième numéro avec ta nouvelle « La mort est finalement plus douce qu’on ne le croit », peux-tu expliquer sa genèse ? J’ai écrit cette nouvelle spécialement pour l’appel à texte de L’Indé Panda, que je venais alors de découvrir. Pour moi, c’était l’occasion d’imaginer une histoire connexe à ma tétralogie, Les larmes de Jundur. Ainsi, la nouvelle pourrait être lue soit en introduction à cet univers, soit en approfondissement pour ceux qui le connaissent. En effet, les événements de « La mort est finalement plus douce qu’on ne le croit » se déroulent plus de quatre cents ans avant l’intrigue de mes romans. Quant au choix du personnage que l’on suit dans cette nouvelle, il est venu, comme souvent, de discussions avec mes proches. J’ai la chance d’être très bien entourée et soutenue dans cette aventure littéraire, je ne les en remercierai jamais assez ! Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ? La littérature fantastique ! Je trouve que ce genre permet un formidable paradoxe : d’une part, il a vocation à émerveiller le lecteur en dépassant les frontières du réel, mais en même temps, au-delà de la magie et de l’imaginaire, il permet d’aborder des thèmes bien réels comme la quête d’identité, la complexité des relations humaines, les valeurs morales, le respect de la nature, l’amour, la mort… Et si créer des univers merveilleux est pour moi un ravissement, c’est bien l’évolution des personnages dans ce qu’ils ont de plus humain qui me tient le plus à cœur. Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ? J’ai pris goût à l’écriture au collège, alors que j’étais une lectrice compulsive de séries fantastiques. J’écrivais de petites nouvelles, je me suis aussi essayée à la fanfiction. Je crois que ma première véritable histoire est née quand j’avais douze ans, et on peut aujourd’hui y voir les prémices de ma tétralogie. On y suivait une jeune fille qui basculait dans un monde parallèle… J’ai d’ailleurs commencé à écrire Les larmes de Jundur peu de temps après, à l’âge de quinze ans. Quel est ton rythme d’écriture ? J’écris le soir et le week-end, et parfois le midi lors de ma pause déjeuner. En période d’écriture pure, je suis assez efficace, l’esprit constamment en ébullition (il m’arrive souvent d’avoir des idées ou de résoudre des problèmes d’intrigue sur le chemin du travail, ou lors d’une balade en forêt). Je procrastine davantage en période de réécriture, lorsqu’il s’agit de retravailler le texte en fonction du retour de mes bêta-lecteurs… Comment construis-tu ton travail ? Il est assez difficile pour moi de répondre à cette question, dans la mesure où j’ai commencé à écrire mon roman à l’âge de quinze ans. À l’époque, je progressais selon mon inspiration, sans avoir aucune idée d’où tout cela me menait. Après avoir écrit plusieurs tomes de cette façon, je n’ai plus écrit une ligne pendant près de deux ans, puis j’ai entrepris un long travail de réécriture du premier volume sous l’œil critique de mes proches. C’est à l’âge de vingt-trois ans, huit ans après la naissance de cette histoire, que j’ai auto-édité mon roman. Aujourd’hui, construire en amont la trame générale, les rouages de l’univers et les motivations des personnages me semble essentiel, pour ne pas avoir à corriger des incohérences dans l’intrigue ou la personnalité des personnages. Pour autant, je pense que je laisserai toujours la part belle à l’inspiration et la spontanéité : vous ne me verrez pas construire le déroulé de l’intrigue chapitre par chapitre avant même d’avoir couché une ligne du texte. Plutôt nouvelle ou roman ? Roman ! Et je dirais même, romans en plusieurs tomes. La longueur d’un roman et à plus forte raison d’une série permet de développer un univers, de faire évoluer des personnages jusqu’à ce que tout cela prenne une épaisseur presque réelle. J’ai souvent connu en tant que lectrice l’émotion immense de refermer la dernière page d’une saga, avec la sensation de quitter des amis et un véritable cocon familier. C’est tout ce que je souhaite à mes lecteurs lorsqu’ils viendront à bout de ma tétralogie ! Lorsque j’écris des nouvelles, c’est souvent à l’occasion de concours qui sont pour moi l’opportunité de travailler mon style et de m’essayer à d’autres genres (sauf ici, c’est sûrement ma seule nouvelle fantastique !). Pourquoi être indépendant ? Lorsque j’ai achevé le premier tome des Larmes de Jundur, je voulais pouvoir toucher rapidement des lecteurs et ainsi avoir des retours avant de me lancer dans la réécriture du second volume. Je suis maintenant totalement convaincue des vertus de l’auto-édition. Cela demande une grande polyvalence, tant le travail à accomplir est colossal : mise en page du livre broché et de l’ebook, conception de la maquette de couverture, promotion du livre (création et animation d’un site internet, d’une page Facebook, sollicitation de blogueurs littéraires…) et bien sûr diffusion, un travail de longue haleine (partenariat avec les libraires, présence sur les salons…). Je trouve l’expérience absolument passionnante : elle permet de progresser dans de multiples domaines, de se lancer sans cesse de nouveaux défis… Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce statut ? Le fait de gérer de A à Z tout ce qui concerne mon « bébé ». Par exemple, c’est un vrai bonheur d’échanger longuement avec l’illustratrice pour aboutir à la couverture parfaite, ou encore de construire moi-même sur Photoshop les nombreux visuels (maquette de couverture, affiches, roll-ups, marque-pages, etc.). Je trouve que tout ce travail, parfois difficile, donne à la fin un véritable sentiment d’accomplissement et de fierté. À l’inverse, qu’est-ce qui est le plus dur pour toi ? Je dirais tout simplement le manque de visibilité « physique » : le fait de ne pas être distribué en librairie dans toute la France. Mais au-delà de ce fait objectif contre lequel je ne peux pas grand-chose, les difficultés de l’auto-édition sont pour moi des défis qui permettent de se dépasser. Par exemple, étant de