Interview Jeanne Sélène #3
Jeanne Sélène ayant déjà répondu à une « interview classique » et à un portrait chinois, nous lui posons quelques questions sur ses lectures. Merci à elle. – Quel est le livre qui t’a le plus effrayé ? Probablement Le tombeau de Saqqarah de Pauline Gedge. Il faut dire que l’ambiance était propice au frisson : une ado seule dans une tente en pleine nuit… Le moindre frottement de branche sur la toile et c’était l’angoisse assurée ! – Le livre qui t’a fait pleurer ? Mon bel oranger de José Mauro de Vasconcelos. J’avais 7 ans lorsque je l’ai lu. Je ne pensais pas qu’il était possible de pleurer en lisant, je crois que c’est tout autant l’histoire que la surprise en ressentant des émotions si fortes qui sont restées ancrées en moi à ce point. – Quel livre ou auteur t’a donné l’envie d’écrire ? Tous, sans exception, mais surtout Geneviève Bon qui était une amie de ma maman. Ma mère avait tant de respect pour cette femme avec laquelle elle entretenait une amitié épistolaire… Je pense que ça a beaucoup joué dans mon désir d’écriture. – Ton livre de chevet ? En ce moment, c’est Sous le soleil d’Ethel Ravidat. Mon fils me le réclame au minimum une fois par jour ! En fait, je n’ai presque plus que des albums jeunesse sur ma table de chevet depuis quelque temps… – Le livre que tu as le plus lu, relu et re-relu ? Je relis très rarement un livre depuis que je suis adulte, mais quand j’étais enfant mes parents ont mangé à la louche du Sourichérie de Béatrice Rouer et Serge Blochet ainsi que du Hibou blanc et souris bleue de Jean Joubert et Michel Gay ! J’aime énormément les travaux de Jean Joubert. – Si tu ne devais en garder qu’un seul ? Ce serait Le dictionnaire des symboles d’Alain Gheerbrant et Jean Chevalier. Je peux passer des heures plongée dans cet ouvrage et il me sert énormément dans mon écriture. J’aime glisser beaucoup d’implicite et de symboles dans mes textes. – Et le livre ou l’auteur que tu n’as pas supporté ? On m’avait offert Encore une danse de Katherine Pancol, et j’ai eu un mal fou à aller au bout de cet ouvrage. Je n’ai réussi à accrocher ni avec l’histoire, ni avec le style de cette autrice. Merci Jeanne. Nous allons finir par quelques questions concernant tes écrits découverts dans ce numéro : Tu as été sélectionnée pour ce cinquième numéro avec ta nouvelle La roche des païens, quelle est sa genèse ? C’est une nouvelle que j’avais écrite dans le cadre d’un appel à textes sur le thème de la malédiction. Je trouvais intéressant de me placer auprès d’un personnage âgé enfermé dans les étiquettes collées sur lui au fil des années. D’où mon choix narratif peut-être un peu particulier. Quelle est la véritable malédiction ? Cette fameuse roche des païens, ou la tendance au jugement des êtres humains ? Tu nous présentes ton roman Le sablier des cendres, peux-tu nous raconter ce qui t’a inspirée ? Le monde étrange dans lequel se réveille mon personnage principal est issu d’un cauchemar fait en 2007. Je savais que j’en tirerais un jour un texte, mais il me manquait à l’époque des éléments… Le reste de l’ouvrage s’articule autour d’une question : « Dans quelle mesure une société peut devenir créatrice de monstres humains ? » Pour explorer cette question, j’avais besoin de connaissances en développement de l’enfant et en neurosciences. C’est sûrement pour cette raison que ce texte a pu éclore dernièrement, pas avant. C’était une grande première pour moi de composer un roman autour d’un tel anti-héros. J’ai beaucoup aimé explorer cette dimension de l’écriture. Retrouvez Jeanne Sélène sur Facebook. La roche des païens est disponible dans L’Indé Panda no5. Découvrez Le sablier des cendres sur son site.
Interview Jeanne Sélène #2
Jeanne Sélène ayant déjà répondu à une interview « classique », elle va se prêter au jeu du portrait chinois. Merci à elle. Si tu étais un style ou un genre littéraire ? Je serais probablement le surréalisme. En gestion mentale, je fonctionne principalement en paramètre 4, c’est-à-dire que mon cerveau passe son temps à créer des liens inédits totalement loufoques ! Si tu étais un art ? Je serais le land art. J’aime l’idée de construire des œuvres avec la nature. Si tu étais un livre ? C’est vraiment très difficile d’en choisir un seul, mais je serais probablement « Si j’avais un cochon » de Mick Inkpen. C’est un album jeunesse qui m’a portée pendant toute mon enfance. Une histoire d’amitié, de rêve, de jeu… Une merveille ! Si tu étais une émotion ? Je serais l’émerveillement. Je suis vraiment capable de m’émerveiller pour des petits riens… Si tu étais un animal ? Probablement un écureuil. Je les imagine curieux, gourmands, blagueurs… Ça me va bien ! Si tu étais un végétal ? Une ronce : je piquerais un peu, je préparerais le terrain pour plus grand que moi… et j’offrirais des petites baies bien délicieuses pour les gourmands ! Si tu étais un sens ? J’aimerais être le sens de la vie, mais je suis probablement plutôt celui de la pensée, le petit vélo dans mon cerveau a bien du mal à s’arrêter ! (Voir les douze sens de Rudolf Steiner, si vous ne les connaissez pas.) Merci Jeanne. Nous allons finir par quelques questions concernant tes écrits découverts dans ce numéro : Tu as été sélectionnée pour ce troisième numéro avec ta nouvelle « Le plus beau métier du monde », peux-tu expliquer sa genèse ? Il y a dix ans, j’ai perdu mon papa. S’en est suivi tout un tas de démarches administratives et de choix improbables à grands coups de « quel bois, quelles poignées, quel capitonnage, etc. ». J’ai alors croisé le pire du pire parmi les gens « du métier » puis je me suis tournée vers une autre maison, et j’ai eu la chance d’être accueillie par une jeune personne fantastique. Cette profession m’est alors apparue sous un nouveau jour, comme quelque chose de magnifique : accompagner les vivants tout autant que les défunts, la première étape vers le chemin du deuil. J’avais depuis longtemps envie d’écrire une forme d’hommage à ce sujet. Voilà qui est fait grâce à L’Indé Panda ! Tu nous présentes ton roman « L’arbre à chats », peux-tu nous raconter ce qui t’a inspirée ? Il ne s’agit pas d’un roman, mais d’un album illustré destiné à la jeunesse. Outre les romans et les nouvelles à destination des « grands », j’aime écrire des textes et des scénarios pour les enfants. J’utilise alors mes connaissances dans le développement de l’humain pour adapter mes ouvrages à des moments clés (je suis orthophoniste de formation et j’ai étudié les sciences du langage ainsi que la psychologie, la neurologie…). Pour cet album, c’est d’abord le travail de l’artiste-peintre exploratrice Isaa qui m’a inspirée. J’ai tellement aimé son œuvre que j’ai eu l’envie de lui écrire un scénario. Le texte est à la fois une invitation à la bienveillance envers soi-même et une ouverture vers plus de souplesse mentale. Nous avons volontairement joué avec l’écriture et les limites des peintures. Considérer le langage écrit comme un outil d’utilisation libre est pour moi capital. J’ai beaucoup trop côtoyé d’enfants et d’adolescents en panne de pensée lorsque j’étais orthophoniste. Nous avons tous besoin d’une grosse dose de fantaisie ! Suivez l’actualité de Jeanne Sélène sur Facebook. « Le plus beau métier du monde » est disponible dans L’Indé Panda no3. Découvrez « L’arbre à chat » sur le site de l’auteure.
Interview Jeanne Sélène
Au tour de Jeanne Sélène de répondre à nos questions. Merci à elle. Tu as été sélectionnée pour ce second numéro avec ta nouvelle « S.O.S. », peux-tu expliquer sa genèse ? J’assistais à une formation en neurologie au sujet de la plasticité cérébrale et le formateur nous a raconté une anecdote au sujet d’un patient. C’est ce qui m’a inspirée pour « S.O.S. ». J’ai ensuite imaginé le contexte et le personnage de la stagiaire en orthophonie pour donner plus de sens à l’histoire. Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ? J’ai commencé à écrire grâce à l’imaginaire mais j’aime à peu près tous les styles. J’aime utiliser mes histoires pour parler des maux de l’humain : l’âgisme, le sexisme, le spécisme… Je travaille aussi bien pour les adultes, avec parfois des histoires assez violentes, que pour les plus jeunes. Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ? J’ai commencé à écrire en CM2 grâce aux ateliers d’écriture animés par mon enseignant. Ma première histoire parlait d’un papillon prisonnier d’un roncier. Il devait s’en échapper pour porter un message et sauver son peuple. Quel est ton rythme d’écriture ? Il est très irrégulier, malheureusement ! J’ai une vie assez chargée qui me laisse peu de temps pour écrire. J’ai besoin de vraiment m’immerger dans mes univers lorsque je travaille. Si je n’ai que quelques minutes de libre, c’est pour moi insuffisant alors je privilégie ces moments pour tout ce qui gravite autour de l’écriture : la promotion, la paperasse, etc. Par contre, lorsque je m’y mets, je peux passer une nuit blanche à bosser ou une journée entière en oubliant de boire et manger (et pourtant, mes placards savent combien je suis gourmande !). Comment construis-tu ton travail ? Je suis plutôt jardinière dans l’âme. C’est souvent d’une simple image mentale que part un nouveau projet. J’en écris la trame mais elle n’est qu’un vague guide car je me laisse beaucoup emmener par mes personnages. En revanche, je crée beaucoup de fiches pour mes personnages et mes mondes. J’accorde une grande importance à la cohérence et j’ai besoin de supports écrits pour ne pas faire d’impairs. J’ai, par exemple, des pages et des pages de cartes de mon monde d’Astheval avec les types de paysages, les climats, les frontières des pays, les régimes politiques, les cultures humaines présentes, etc. En ce moment, je teste la méthode des flocons pour un roman jeunesse, je vais voir si j’adhère à cette technique ou non ! Plutôt nouvelle ou roman ? J’aime les deux formats. Je prends énormément de plaisir à écrire des micro-nouvelles. J’aime alors aller à l’essentiel, brosser des personnages vivants en quelques mots, créer un frisson (d’effroi ou d’émotion) en quelques lignes, entraîner le lecteur dans une chute parfois inattendue… Mais j’aime aussi beaucoup construire un monde complexe et riche, prendre le temps de dérouler une histoire et d’approfondir les pensées des personnages. Pourquoi être indépendante ? Lorsque j’ai déterré « Balade avec les Astres » (un roman écrit entre mes 15 et 17 ans), j’ai beaucoup hésité entre l’envoyer à des maisons d’édition ou partir vers l’autoédition. J’ai commencé par l’adresser à deux maisons connues mais je me suis ravisée. J’ai alors contacté Sans Coquille pour faire corriger mon texte par une professionnelle et je me suis lancée dans l’aventure. Je me sentais plus à ma place en gardant le contrôle sur mon travail et en m’entourant des spécialistes que je voulais plutôt qu’en lâchant mon « bébé » entre les mains d’inconnus. Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce statut ? La liberté de choisir les personnes avec lesquelles je souhaite travailler, le contrôle que je garde sur mon travail ainsi que la rapidité de publication. Cela me permet également de naviguer plus aisément d’un style à un autre et d’aborder tous les sujets que je souhaite, comme par exemple avec mon album jeunesse sur le thème du véganisme. À l’inverse, qu’est-ce qui est le plus dur pour toi ? Comme pour beaucoup, ce qui est le plus difficile pour moi reste la promotion. Le statut d’indépendant est également très mal vu dans encore beaucoup de lieux. Cela peut être un frein pour participer à certains salons, pour mettre en place des séances de dédicaces dans certaines librairies… Je n’ai pas l’impression que la méfiance soit si grande avec les indépendants d’autres « arts ». Quel type de lectrice es-tu ? Je suis une boulimique de lecture depuis ma plus tendre enfance. Je n’ai même pas eu le courage d’attendre le CP pour commencer, trop long ! Je lis énormément (malgré des périodes de creux lorsque la vie carbure un peu trop) et dans beaucoup de styles même si j’ai une petite faiblesse pour l’imaginaire. J’aime aussi beaucoup les essais et les livres scientifiques. Dans ce numéro 2 de L’Indé Panda, tu nous présentes ton roman « La Route des chiffonniers », peux-tu me raconter un peu ce qui t’a inspirée ? Ce court roman est un récit initiatique, c’est la reconnexion à elle-même d’une femme en plein burn out. J’ai été beaucoup inspirée par mes lectures en développement personnel mais également par mon expérience des conséquences des violences éducatives ordinaires vécues par les enfants. Toutes ces « douces violences » qui font que l’on a beaucoup de mal à se construire avec soi-même. Il est fréquent qu’arrivé à un certain âge, ce château branlant finisse par s’écrouler. Je souhaitais proposer un livre positif : oui, il est possible de faire la paix avec son enfant intérieur ! Pour finir, L’Indé Panda, c’est quoi pour toi ? Une sacrée aventure et une belle bande de copinautes ! Merci à toute l’équipe de bénévoles pour ce projet un peu fou mais tellement réussi ! Question bonus posée par notre lectrice, Hélène Culturall Blogueuse, sur notre page Facebook : « Si tu étais un panda célèbre, lequel serais-tu ? » Sacrée question ! 😀 Si j’étais un panda célèbre, je serai probablement celui de cette vidéo, toujours prêt.e à aller voir ce que le monde a à offrir un peu plus loin… Vous pouvez retrouver Jeanne sur son site. “S.O.S.” est disponible dans L’Indé Panda n°2. Découvrez “La Route