Interview Fox Miliveles
Fox a répondu à nos questions, merci à elle ! Tu as été sélectionnée pour ce septième numéro avec ta nouvelle « Premières neiges au jardin du Luxembourg », peux-tu expliquer sa genèse ? À l’origine, cette nouvelle était une « écriture d’invention », un exercice de français remontant à une douzaine d’années, quand j’étais en classe de première. Notre professeur nous avait donné comme sujet imposé de raconter un souvenir en lien avec une photographie d’Édouard Boubat, représentant des enfants s’amusant dans un parc enneigé. Mais à l’époque ça ne m’inspirait absolument pas ! Je me souviens avoir commencé et raturé quatre ou cinq brouillons différents, sans parvenir à trouver quelque chose de satisfaisant, ou tout du moins, de réellement motivant. La veille de rendre le devoir, je n’avais toujours rien pondu, et je commençais à désespérer. Alors je me suis mise à écrire le souvenir imaginaire de l’un des enfants de la photo, inspiré de ce qu’un ancien m’avait raconté quelque temps auparavant, mais sans plus de conviction que ça. La sonnerie a retenti, je n’avais que la première moitié, mais il a fallu repartir en cours pour l’après-midi… et c’est là que la lumière a jailli ! XD Notre dernière heure ce jour-là était un cours d’éducation civique, pour lequel notre prof d’histoire nous avait demandé de faire un petit exposé sur un monument aux morts en particulier, tant il y en a de formes différentes en France. C’était d’actualité, car il n’y avait plus que quatre ou cinq poilus survivants, et une polémique sur la question de la mémoire et d’un hommage national… Bref, le soir, je me suis mise à l’ordi pour recopier le début du brouillon, et j’ai embrayé directement sur la suite que l’on connait aujourd’hui. Un texte, au final, un peu long pour le prof de l’époque, qu’il n’a pas trop apprécié apparemment, d’autant que ce n’était pas un souvenir personnel (ce qui n’était pas spécifié dans la consigne ceci étant dit ^^) ; ça m’avait un peu attristé à l’époque, car j’avais été très émue durant la rédaction, ce qui ne m’arrive pas souvent, pour ne pas dire jamais, même en tant que lectrice. Je me suis donc promis que ce texte ressortirait un jour, sans artifice ni réécriture… et c’est L’Indé Panda qui l’a mis en lumière ! Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ? Je ne sais pas s’il s’agit d’un registre à proprement parler, mais je dirais l’« épique ». J’aime travailler des histoires, des situations, qui ont du souffle, du panache, quelque chose de théâtral et de grandiose dans les actions et les émotions. C’est assez casse-gueule, car ça peut donner une impression caricaturale quand ça rate, ou passer à côté des lecteurs qui préfèrent la finesse et la sobriété. Mais c’est dans ces scènes-là que je m’éclate le plus ! Peu importe les sujets de fond finalement (qui peuvent être très divers), c’est la forme, la manière, le défi de les mettre en valeur qui me motive. Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ? Je me suis posé la question lorsque j’ai voulu lancer le projet de ma première autopublication, histoire de me rendre compte si je partais dans un truc complètement invraisemblable ou non… Et en farfouillant dans les vieilles malles pleines de papiers que les parents ont l’habitude de garder, j’ai retrouvé un petit livret de huit pages, du genre de ceux qu’on fabrique en coupant des feuilles en deux et en les agrafant sur le côté. Ces quelques pages racontent les aventures de Lucky, l’un des petits malins à quatre pattes de la bande tachetée des 101 dalmatiens. Je crois que le dessin animé Disney venait de ressortir au ciné en 95, et le film avec Glenn Close en 96, bref, à cinq ans, j’étais apparemment une vraie groupie ^^ Mais comme je ne savais pas encore écrire, c’était ma mère qui l’avait tapé à la machine sous ma dictée – quelle patience ^^. Ma première fan-fiction, ça remonte à loin tout ça ! Quel est ton rythme d’écriture ? À dire vrai, cela dépend de la situation. Pendant les années collège-lycée, j’ai beaucoup écrit, notamment des fans-fictions, ainsi qu’un premier roman que j’avais commencé sans jamais le finir. Puis il y a eu une grosse coupure, durant laquelle je n’ai pas du tout écrit, notamment pendant les études supérieures. Pas le temps, pas l’envie, pas la tête à ça. Mais depuis deux ans, comme j’ai un emploi principalement saisonnier, je profite de l’hiver et de la baisse d’activité pour écrire quasiment tous les jours. Bon, disons que je m’y mets tous les jours, mais ça n’est pas forcément efficace à chaque fois. ^^ Comment construis-tu ton travail ? Au début, j’écrivais de manière chronologique, et un peu instinctive. Le problème, c’est que je butais sur certains passages qui ne m’inspiraient pas du tout sur le moment, et que je ne pouvais pas laisser de côté pour y revenir ensuite, car j’imaginais l’histoire au fur et à mesure. Maintenant, je me fais une sorte de plan détaillé de l’histoire (oui je sais c’est très scolaire tout ça, déformation de la fac ^^), et je pioche dedans pour rédiger les morceaux qui me tentent le plus selon l’humeur du moment, comme ça je n’ai jamais la pression de la contrainte. Ça demande juste de bien faire attention aux transitions à l’avance, et de se relire plusieurs fois pour vérifier qu’il n’y a pas d’incohérence entre les scènes. Et je veille à garder un bon rythme d’alternance entre écriture et « nourriture » (lectures, films, recherches…) pour garder l’inspiration bien affutée. Plutôt nouvelle ou roman ? Auparavant c’était plutôt nouvelle, mais depuis que je me suis lancée dans la pentalogie de la Geste des Braves, le planning est un peu trop chargé pour les autres écrits ! Pourquoi être indépendant ? Sincèrement, parce que je n’avais pas envie d’attendre l’hypothétique-retour-potentiellement-positif d’un éditeur pour faire de l’histoire que je voulais raconter un vrai livre. Pour garder la motivation