Interview Bastien Pantalé

Bastien Pantalé a accepté de répondre à nos questions. Merci à lui ! Tu as été sélectionné pour ce onzième numéro avec ta nouvelle Apprivoiser le Temps, peux-tu expliquer sa genèse ? Salutations ! Ravi d’intégrer la toute puissante secte des pandas. Apprivoiser le temps appartient au recueil Épidermiques et autres humanités. L’idée était de regrouper quelques pensées sur le thème de l’humain, des sensations, états d’âme ou réflexions qui nous animent tous au quotidien. Ainsi, après la contemplation, la blessure amoureuse, le rêve, la mort, la réponse émotionnelle ou encore l’introspection plus ou moins philosophique, il me semblait inévitable de traiter notre rapport au temps. De l’enfance à l’âge mûr, du berceau au lit de mort, la perception que l’on en a fluctue. Il s’étire puis se contracte, se lisse ou se darde d’écueils, mais, surtout, laisse une empreinte individuelle selon la danse que chacun aura à lui proposer. Entre inéluctabilité et choix plus ou moins conscients, la relativité du temps est au cœur du sujet. Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ? Non. J’aime adapter mon écriture aux thèmes traités ainsi qu’aux genres littéraires visités. Du thriller à la fantasy, du feel-good à l’horreur, le ton ne sera pas le même, tout comme le registre de langue ou les choix narratifs. Il paraît que je suis à l’aise dans la dimension visuelle (dixit mes lecteurs) ; plus largement, c’est toute la palette sensorielle qui offre un vaste terrain de jeu. Les pensées ont cela de particulier qu’elles limitent beaucoup moins le style d’écriture, la plume est absolument libre de ses évolutions, révolutions, rythmes et sonorités, bien plus que dans un roman en tout cas.Si j’ai traité de sujets bien différents, on peut sûrement trouver des ponts entre mes romans, des traits communs : l’humanité, en tant qu’espèce et en tant que valeur, l’écologie sans aucun doute, l’éducation, la richesse née de la diversité, la communauté, l’esthétique, la conscience globale… pis tout ce qui a trait aux énergies, aux vibrations, à tous ces champs invisibles et impalpables qui régissent pourtant l’univers. Ouais, j’aimerais réussir à poser des mots justes sur ce qu’il y a de plus élémentaire au monde. Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ? À 27 ans, à force de galères de santé et professionnelles (les deux aspects sont liés), je me suis questionné sur ce que je savais faire de mes mains – ou de ma tête. Seuls les mots en sont ressortis. Construire avec leur aide. Quitte à être précaire, autant faire quelque chose qui me plaisait. Je me suis lancé dans la rédaction de mon premier roman, L’Éveil, sans aucune volonté de le publier et en roue libre totale. J’avais un thème (les capacités sensorielles), une idée directrice, quelques messages à faire passer, mais l’intrigue s’est tissée d’elle-même, au fur et à mesure. Cela a produit un mélange étrange des genres que j’ai explorés par la suite. Le point final posé, j’ai trouvé ça plutôt amusant de raconter une histoire, tout simplement, mais qu’elle ne pouvait être destinée qu’à moi-même. La volonté de divertir était née. J’ai immédiatement embrayé sur un autre roman, dans un tout autre genre. Mon imaginaire pouvait enfin s’exprimer.Tout a commencé il y a donc 7 ans. Quel est ton rythme d’écriture ? En phase de production, dans les meilleures conditions, jusqu’à 6 h par jour. Cela peut aller de deux paragraphes à dix pages quotidiennes (j’écris lentement). Comment construis-tu ton travail ? Je réalise des plans évolutifs ainsi que des fiches personnages sur papier, mais l’écriture se fait directement sur ordi. Comme je suis une grosse feignasse et retouche très peu mes textes – et comme dit plus haut –, j’écris plutôt lentement ; partisan du premier jet, de la première intention, mes mots mûrissent longuement dans ma caboche avant que le clavier ne les exprime.Hormis pour mon premier roman qui s’est tissé de lui-même pour mon plus grand bonheur, j’ai peu à peu développé des plans plus précis. Certains genres littéraires autorisent plus de liberté, mais je garde en permanence à l’esprit qu’il s’agit de trouver un équilibre entre le façonnage d’une intrigue et la respiration pleine et entière de l’inspiration. À trop prévoir, codifier ou structurer, c’est la spontanéité et l’imaginaire qui s’en trouvent muselés ; c’est ce qu’il peut y avoir de plus triste pour un auteur souhaitant faire s’évader ses lecteurs. Je veille donc à garder de larges zones de liberté où oui, effectivement, mes personnages vivent par eux-mêmes. S’éclater en écrivant, se laisser surprendre est le meilleur moyen de surprendre le lecteur. Comme en amour, le plaisir est communicatif ! Plutôt nouvelle ou roman ? Après 8 romans et plusieurs nouvelles ou novellas, je peux affirmer que je suis plus à l’aise avec les formats longs. J’ai besoin, mes personnages et mes décors ont besoin d’espace, sans doute pour que je me les approprie pleinement. Selon moi, la nouvelle est un exercice plus difficile dans la mesure où l’on doit réussir la rencontre entre le récit et ses lecteurs en beaucoup moins de temps, moins de mots ; elle demande donc davantage d’expérience et de travail (toutes proportions gardées).Ce n’est sans doute pas un hasard si mes novellas possèdent des fins ouvertes, pour que l’histoire continue de vivre dans l’esprit du lecteur une fois le livre refermé. Pourquoi être indépendant ? Choix par défaut au tout début, j’y ai finalement trouvé une grande liberté de forme et de contenu. D’authenticité aussi. L’idée de tout contrôler de A à Z, jusqu’au travail d’édition et de commercialisation (pour la com adressez-vous aux collègues), est certes pesante en quantité de travail, il faut penser à tout, mais vraiment gratifiante lorsque le bouquin rencontre son public.Le contact direct avec les lecteurs est une vraie belle rétribution. Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce statut ? Liberté. Authenticité. Communauté. À l’inverse, qu’est-ce qui est le plus dur pour toi ? Le manque de visibilité. Merci donc à celles et ceux

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