Interview Balthazar Tropp #2

Balthazar Tropp ayant déjà répondu à une « interview classique », il va se prêter au jeu du portrait chinois. Merci à lui.   Si tu étais un style ou un genre littéraire ? Si j’étais un genre littéraire, je serais le roman tremblotant. Bourré de punchlines plus flamboyantes les unes que les autres, et une écriture qui tremble. Parce qu’en vrai, écrire, ça fait peur.   Si tu étais un art ? Je serais l’écriture du dimanche, tous les jours, sauf le dimanche.   Si tu étais un livre ? Si j’étais un livre, ce serait Ulysse, de Joyce. Parce que je n’ai rien compris et que ça me fait me sentir intelligent.   Si tu étais une émotion ? Le doute, est-ce que c’est une émotion ? Je ne sais pas trop… Allez, je tente, le doute ! Parce que les rares fois où je ne doute pas, qu’est-ce que je m’ennuie.   Si tu étais un animal ? Un lion, évidemment ! Non mais quelle question, comment pourrait-on vouloir autre chose qu’être un Lion !   Si tu étais un végétal ? Sans hésitation, le Lierre. Une bonne plante bien de chez nous, rustique, et pas de chichi avec ça, ça se bouture dans une bouteille de bière, ça grimpe ça monte ou ça rampe en fonction du contexte, ça vient pas nous faire chier avec des histoires de fleurs.   Si tu étais un sens ? Disons que je pourrais abandonner sans trop de regret le goût et le toucher. Mais j’ai rencontré une fille. Elle est belle, elle sent bon et elle dit des jolies choses. Alors laissez-moi en profiter un peu.   Merci Balthazar. Nous allons finir par quelques questions concernant tes écrits découverts dans ce numéro : Tu as été sélectionné pour ce cinquième numéro avec ta nouvelle Le méchant petit cordonnier, peux-tu expliquer sa genèse ? C’est une nouvelle que j’ai écrite l’été dernier. J’avais envie de faire une histoire sur l’ambition, en tout cas sur la forme que pourrait prendre l’affrontement de deux ambitions différentes, celle d’un artiste et celle d’un entrepreneur. Et puis y’a mon petit cordonnier, je l’aime bien, j’ai un truc avec les artistes manuels, quelque chose de l’ordre du fantasme. Je ne suis pas sûr d’avoir été très clair dans cette nouvelle. Enfin moins que dans d’autres. J’espère que ça passe quand même…   Tu nous présentes ton roman Biodégradable, peux-tu nous raconter une petite anecdote concernant un de tes personnages, un lieu, ton roman en lui-même… ? Eh ben Biodégradable sort en anglais ! Je sais que les lecteurs français n’en ont rien à foutre, mais quand même, ça fait plutôt plaisir ! L’idée est née un midi de gueule de bois, à Prague, avec mon pote Canadien Luc Lendrum. Il savait à l’époque que je venais d’écrire le bouquin, en fait il avait lu le manuscrit, enfin bref il m’a proposé de le traduire. J’ai dit oui bien sûr, même si à l’époque je rigolais doucement. En vrai je n’aurais jamais pensé qu’il traduirait plus de trois pages. Et puis voilà. Il l’a fait ce con. Comme quoi on ne se méfie jamais assez des Canadiens…   Vous pouvez retrouver Balthazar sur sa page auteur Amazon. Le méchant petit cordonnier est disponible dans L’Indé Panda 5. Découvrez Biodégradable sur Amazon.  

Interview Balthazar Tropp

Au tour de Balthazar Tropp de répondre à nos questions. Merci à lui. Tu as été sélectionné pour ce premier numéro avec ta nouvelle « Crocodile », peux-tu expliquer sa genèse ? Crocodile, c’est l’histoire de la solitude. Je pense qu’on ne s’y fait jamais vraiment, à la solitude. On l’aménage, on fait ce qu’on peut pour s’y sentir confortable et on réussit même parfois, comme Matisse, à se convaincre qu’elle est plaisante. Le héros de Crocodile, c’est un type qui n’a doublement pas eu de chance. Non seulement il est effectivement seul, mais en plus il est persuadé qu’il le restera. Alors il peint, il travaille, il essaie désespérément d’oublier le gouffre sous ses pieds. Des Crocodiles, j’en ai croisé pas mal, et je pense en être encore un peu un. Cette nouvelle, c’est pour eux. Pour ceux qui défendent leur dignité avec leurs plumes, leurs pinceaux et leurs poings.   Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ? Je n’ai pas vraiment de registre particulier. J’aime bien parler des marginaux, des originaux, des gens qui subissent la norme et qui cherchent autre chose.   Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ? J’ai commencé à écrire a 12 ou 13 ans. C’était une histoire de clochard, ça me fascinait à l’époque les SDF. Je pensais que de tous les hommes c’était certainement eux les plus libres, eux dont la vie avait gardé qui ressemblait le plus à du romantisme. J’avais 13 ans hein…   Quel est ton rythme d’écriture ? A l’époque ou je travaillais sur Biodégradable, j’arrivais à faire mes 500 mots par jour, 5 jours par semaine. Depuis j’ai un peu plus de mal, je suis assez régulier une fois que j’ai commencé quelque chose, mais il se passe parfois des semaines entre la fin d’un texte et le début d’un autre.   Comment construis-tu ton travail ? Quand j’écris une nouvelle, je ne construis rien. C’est suffisamment court pour avoir l’ensemble de l’histoire devant les yeux, d’ailleurs, quand la nouvelle est prête, dans ma tête, je peux la résumer en deux, trois phrases. Pour les romans, c’est plus compliqué. Biodégradable je l’avais découpé en chapitres, sous chapitres, avec des codes couleurs pour les groupes de personnage, enfin tout un bordel a tel point que le roman tenait entier sur un tableur A3. Je ne sais pas si je pousserai la construction si loin pour le prochain, j’aime continuer à inventer en écrivant, et quand le plan est trop précis je me sens esclave de ma propre histoire.   Plutôt nouvelle ou roman ? Je me sens plus libre avec les nouvelles, surement parce que je n’attends rien d’elles, alors qu’avec les romans il y a la pression de la publication.   Pourquoi être indépendant ? Dans mon cas, c’est plus un choix par défaut, je m’imaginais bien être publié par une maison d’édition.   Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce statut ? Principalement le fait que je touche 30% du prix de vente.   A l’inverse, qu’est-ce qui est le plus dur pour toi ? Tout le reste, devoir corriger, mettre en page, se vendre, grapiller des likes et des commentaires. Pour Biodégradable par exemple, j’ai créé une espèce de maison d’édition factice, les Editions du vent qui vient, et ça m’a pris un temps incroyable alors que c’est pas forcément mon délire.   Quel type de lecteur es-tu ? Je lis des essais, des romans, énormément de choses sur internet.   Dans ce numéro 1 de L’Indé Panda, tu nous présentes ton roman « Biodégradable », peux-tu me raconter un peu ce qui t’a inspiré ? En dehors de la partie politique, Biodégradable c’est ma jeunesse à Nice. Comme le héros, j’ai trouvé brutalement une famille qui n’était pas ma famille biologique, et j’en suis tombé amoureux. On écoutait Brel, Solaar et Brassens, on parlait de littérature, d’art et de physique et je n’avais jamais été aussi heureux. Biodégradable, c’est surtout une histoire d’amour.   Pour finir, L’Indé Panda, c’est quoi pour toi ? L’Indé Panda, c’est les héros des temps modernes. Un groupe de personnes qui a décidé de travailler ensemble pour monter un projet en dehors de toute considération d’argent ou de pouvoir. L’indé Panda c’est des auteurs qui travaillent sur un magazine dans lequel ils ont l’honnêteté de mettre leur nouvelles en concurrence avec d’autres, quitte à ce qu’elles soient refusées. L’indé Panda, c’est peut-être l’avenir d’une littérature récupérée par les écrivains.   Question bonus posée par notre lecteur, Bouffanges sur notre page Facebook :  « Dans quelle mesure La Métamorphose de Kafka t’a-t-elle inspiré ?«  On m’a parlé de la Belle et la Bête aussi. J’ai lu la Métamorphose il y a longtemps, et effectivement ça avait été un choc. Je ne sais pas si ça m’a spécialement inspiré, mais je pense que le genre de souffrance qu’il décrit est suffisamment universelle pour inspirer encore deux ou trois générations d’écrivains. Spécialement ceux qui pour une raison ou une autre se sentent laids.   Vous pouvez retrouver Balthazar sur sa page auteur Amazon. « Crocodile » est disponible dans L’Indé Panda, Magazine n°1. Découvrez « Biodégradable » sur Amazon.

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